mercredi 15 avril 2009

Histoires de la mer

Les pêcheurs maintiennent le blocage de trois ports du Nord

Le blocage de trois ports du Nord-Pas-de-Calais pour obtenir une augmentation des quotas de pêche se poursuivait mercredi soir alors qu'une table-ronde réunissait à Paris les marins-pêcheurs et leur ministre de tutelle, Michel Barnier. Lire la suite l'article

Entamées à 19h00, les discussions se poursuivaient au ministère de l'Agriculture à 22h00.

A leur arrivée, les membres de la délégation, forte d'une douzaine de personnes, ont répété qu'ils ne voulaient pas des indemnisations évoquées par le gouvernement français.

Les marins-pêcheurs ont dépassé dans la Manche, depuis début avril, leur quota de pêche au cabillaud et à la sole. L'UE avait autorisé pour 2009 une augmentation de 30% des quotas par rapport à l'année précédente.

"Nous allons demander de pouvoir travailler pendant les huit mois qu'il nous reste", a déclaré José Huleux, artisan-pêcheur. "Nous renouvelons nos revendications pour des quotas supplémentaires", a-t-il ajouté devant les journalistes.

"Du poisson il y en a, nous n'allons pas tuer la ressource", a renchéri un autre membre de la délégation.

Les ports de Boulogne-sur-Mer et de Calais (Pas-de-Calais) ainsi que celui de Dunkerque (Nord) sont bloqués depuis mardi par des marins-pêcheurs qui protestent contre la faiblesse de leurs quotas de pêche pour le cabillaud et la sole, deux espèces menacées de surexploitation selon la Commission européenne.

"Nous allons discuter avec le ministre, mais nous maintenons le blocage", a déclaré Jean Thiebaut, secrétaire régional CFDT des pêches, au nom de l'intersyndicale.

Plusieurs pêcheurs ont annoncé mercredi des "opérations-escargot" dans la région, notamment sur l'autoroute A 16 qui mène au tunnel sous la Manche, a-t-on indiqué de source syndicale.

FIN DE NON-RECEVOIR SUR LES QUOTAS

Mercredi matin, les pêcheurs avaient accepté de lever quelques minutes le blocus du port de Dunkerque afin de laisser sortir un ferry de plusieurs centaines de passagers afin de ne pas risquer une situation sanitaire délicate à gérer.

A cette exception, les ports de Calais, Boulogne-sur-Mer et Dunkerque sont restés bloqués mercredi pour la deuxième journée consécutive et aucun ferry n'a pu prendre la mer.

Des responsables de comités locaux de pêche avaient auparavant refusé de discuter avec le ministre sans augmentation préalable des quotas de pêche au cabillaud notamment, et la proposition d'aide financière de Michel Barnier a été rejetée.

"On ne veut pas d'argent, surtout pas d'argent, on veut juste pouvoir travailler", a déclaré Olivier Leprêtre, patron de pêche à Boulogne.

Stéphane Pinto, responsable CFDT, est sur la même longueur d'ondes: "Pas question de parler d'aide financière, on veut parler quotas".

Mais la Commission européenne, qui pilote les quotas, a déjà opposé une fin de non-recevoir à cette requête.

"Il n'y a pas de marge de manoeuvre sur les quotas, tout simplement parce que les quotas sont décidés par les Etats membres lors du conseil pêche de décembre tous les ans. Cette décision est basée sur des avis scientifiques", a déclaré mercredi la porte-parole du commissaire à la Pêche, Joe Borg.

"La solution ne passe pas une augmentation des quotas qui n'aurait pour résultat que de faire s'effondrer les stocks de poisson et de ruiner les flottes concernées", a-t-elle dit.

Le gouvernement français écarte lui aussi une renégociation des quotas, qui s'opère sur une base annuelle, mais n'exclut pas des mesures d'indemnisation ponctuelle en faveur des pêcheurs en difficulté comme cela avait été le cas en avril 2008.

"L'an dernier, nous avons débloqué 3,1 millions d'euros pour ces mesures dites d''arrêts temporaires'. Il faudra en discuter au cas par cas", précise Michel Barnier, dans une interview au Parisien-Aujourd'hui en France.

Service France, édité par Yves Clarisse